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Bonjour à tous

Recrue de 1653

Certains de vos ancêtres étaient de la célèbre recrue de 1653

C'est en 1653 que Monsieur de Maisonneuve amena à Montréal un groupe très intéressant de colons et l'illustre Marguerite Bourgeoys, fondatrice de la congrégation Notre-Dame. Voici comment l'historien Faillon raconte les faits :

"Le dessein de M. de Maisonneuve étant de repousser les Iroquois et d'établir solidement la colonie de Villemarie, il ne voulut conduire avec lui que des hommes jeunes, robustes et courageux, tous propres au métier des armes, exercés chacun dans quelque profession nécessaire ou utile au nouvel établissement, et tous sincèrement catholiques.

Il exigea de plus qu'ils fussent gens de bien et de moeurs irréprochables, afin qu'ils ne gâtassent pas le reste du troupeau, en quoi, dit la Soeur Morin, il a parfaitement réussi. Pour s'aider dans ce choix, il se servit de M. de la Dauversière; et l'un et l'autre levèrent ainsi des hommes, dans la Picardie, la Champagne, la Normandie, l'Ile-de-France, la Touraine, la Bourgogne, mais principalement dans le Maine et l'Anjou, surtout aux environs de la Flèche, d'où M. de la Dauversière les tira presque tous.

Dans le courant des mois de mars, avril et mai 1653, ces hommes passèrent, par-devant des notaires, leurs actes d'engagement avec la Compagnie de Montréal; et ceux qui s'engagèrent de cette manière à la Flèche furent au nombre de cent dix-huit, ainsi que le montrent encore aujourd'hui leurs actes d'engagement, conservés en original dans les minutes du notaire de Lafousse, qui les écrivit.

En outre trente-six autres passèrent aussi ailleurs des contrats semblables, en sorte que le nombre total de ces hommes, tous propres à porter les armes, s'éleva à cent cinquante-quatre... Quelques-uns cependant se désistèrent; d'autres moururent dans la traversée; et au témoignage de M. de Belmont, il n'en arriva que cent cinq à Villemarie.

La Compagnie de Montréal transportait ces hommes dans son île, les nourrissait et les logeait à ses propres frais pendant cinq ans, et leur fournissait les outils et la matière nécessaire à l'exercice de leur art ou de leur profession particulière. Elle ne se chargeait pas de les vêtir; mais, pour qu'ils pussent se pourvoir eux-mêmes de linge et d'habits, elle assurait à chacun des gages proportionnés à l'importance des services qu'il pouvait rendre, par le métier ou l'art qu'il avait à exercer.

Plusieurs n'étant pas assez fourni de hardes et d'autres objets qu'ils étaient bien aises d'emporter de France, elle fit des avances sur leurs gages à cent trois d'entre eux et leur donna ainsi, avant leur départ, plus de onze mille livres, quoique les gages de ceux qui partirent ne dussent pas s'élever au-dessus de la somme de sept mille cinq cents livres par an.

Le vaisseau, appelé St-Nicolas-de-Nantes, qui portait la recrue sous la conduite du capitaine Besson, étant parti le 20 juin, on s'aperçut bientôt qu'il était pourri et faisait eau de toutes parts. Comme cependant on était fort en bras, ayant, outre l'équipage ordinaire, plus de cent hommes pour Villemarie, on espéra qu'on pourrait étancher le navire.

Mais, quoique les gens fussent aux pompes jour et nuit, il leur était impossible d'en venir à bout; et l'eau commençait déjà à gagner et à endommager les provisions, lorsqu'enfin, après avoir fait trois cent cinquante lieues en mer, on fut contraint de revenir à terre et de relâcher à Saint-Nazaire, d'où l'on était parti.

"En approchant de terre, dit la Soeur Bourgeoys, nous périssions, sans le secours que par la grâce de Dieu, nous reçumes des habitants de ce lieu-là. J'étais fort en peine de nous voir dans ce danger; nous étions près de cent et vingt passagers sans prêtres, et nos gens étaient mal préparés pour mourir, aussi bien que tout le reste.

M. de Maisonneuve fit mettre tous ses soldats dans une île d'où l'on ne pouvait s'échapper: car autrement il n'en serait pas demeuré un seul. Il y en eut même qui se jetèrent à la nage, pour se sauver; ils étaient devenus comme furieux et croyaient qu'on les menait à la perdition. Il fallut bien du temps pour trouver et préparer un autre navire, et pourvoir aux autres besoins, en sorte que l'on ne fit voile que le jour de la Sainte-Marguerite, 20 juillet, après avoir entendu la sainte messe."

Mais comme l'oeuvre de Villemarie, à laquelle cette recrue devait se dévouer avec tant de résolution et courage, était une oeuvre sainte, pour laquelle un grand nombre d'entre eux eurent, dans la suite, le bonheur de verser leur sang, il plut à Dieu de les préparer tous à leur sacrifice par de nouvelles épreuves, et de prendre même déjà pour lui les prémices de cette troupe choisie. La maladie s'étant bientôt déclarée sur le vaisseau, il y eut un grand nombre de malades, et des cent treize hommes que M. De Maisonneuve conduisait aux frais de la Compagnie il en mourut huit en mer.

Ce fut pour la Soeur Bourgeoys une occasion de déployer sa charité, en leur prodiguant à tous les services qu'elle pouvait leur rendre, et en les préparant à mourir saintement. Jour et nuit, elle était auprès d'eux, elle les consolait dans leurs maux, et leur distribuait généreusement tout ce qu'elle recevait de la charité du capitaine et de celle de M. de Maisonneuve.

Celui-ci lui envoyait de sa table, à laquelle elle ne voulut jamais prendre place, tous les aliments convenables; et, de son côté, elle ne les acceptait qu'afin de les donner aux malades, se contentant pour elle- même de la nourriture ordinaire de l'équipage, et même de la plus modique ration. Enfin son séjour dans le navire fut une véritable et continuelle mission.

Elle instruisait avec soin les malades et les soldats, leur faisait exactement le catéchisme, récitait elle-même les prières du matin et du soir, et faisant souvent des lectures spirituelles et d'autres exercices de piété, sans que les incommodités ordinaires à ceux qui ne sont pas accoutumés à la navigation ralentissent jamais l'ardeur de sa charité ni la persévérance de son zèle.

Pendant que la recrue était en mer, les colons de Québec, des Trois-Rivières et ceux de Villemarie, en proie aux plus vives inquiétudes pour eux-mêmes, se voyaient comme sans défense, exposés à toute la fureur des iroquois, malgré la paix qu'on avait commencé de faire avec ces barbares, sur la durée de laquelle on ne comptait pas. Comme on ignorait que M. de Maisonneuve avait été obligé de relâcher à Saint-Nazaire, ce qui l'avait retardé de quarante jours, et qu'on ne le voyait pas venir, ce retard fit naître les plus mortelles angoisses.

"Et à la fin, dit la Soeur Bourgeoyx, on n'avait guère plus d'espérance que nous dussions arriver." Pour hâter donc la venue d'un secours si ardemment désiré et si nécessaire, les habitants de Québec firent des prières publiques et exposèrent même, pendant plusieurs jours, le Très-Saint-Sacrement, jusqu'à ce qu'enfin, touché de leur ferveur, Dieu daigna les exaucer.

"Nous arrivâmes le jour de Saint-Maurice (22 septembre), dit la Soeur Bourgeoys; mais on ne prit point garde à une arête qui s'enfonça tellement dans le navire, en arrivant devant Québec, que les grandes marées ne purent le relever, et qu'il fallut le brûler sur la place. Notre arrivée, ajoute-t-elle, redonna de la joie à tout le monde." C'est ce que le P. Le-Mercier dit aussi dans sa relation: "Le secours extraordinaire qu'on a envoyé par le dernier embarquement a donné de la joie à tout le pays." Aussi en rendit-on à Dieu des actions de grâces solennelles, en chantant, à cette occasion le Te Deum dans l'église de Québec.

L'allégresse qui éclata à l'arrivée de cette recrue fait assez comprendre quelle devait être alors la faiblesse de Québec, malgré les engagements que la grande Compagnie avait pris depuis longtemps de l'accroître et de lui donner de la consistance. On voit aussi par là l'insuffisance de la mesure que cette Compagnie avait prise pour augmenter la colonie, lorsque huit ans auparavant elle avait cédé aux habitants la traite des pelleteries.

Car cette cession, en la dispensant de faire elle-même aucune dépense, avait laissé toutes les charges aux habitants, réduits par là à leurs propres ressources; ce qui était devenu, à cause des guerres continuelles, un fardeau accablant qui écrasait le pays, Québec se voyait, en effet, dans une entière impuissance d'augmenter le nombre des colons, n'ayant à offrir, à ceux qui eussent le désir de s'établir dans la Nouvelle-France, que les privations inséparables de l'extrême pauvreté qu'on y endurait, et les alarmes auxquelles on était exposé dans cesse.

Cet état de faiblesse où il se voyait alors réduit porta M. de Lauson à faire toutes sortes d'efforts pour retenir à Québec la nouvelle recrue, et il l'aurait empêchée de passer outre, si M. de Maisonneuve ne lui eût déclaré , avec une modeste fermeté, qu'ayant à défendre un poste si dangereux que l'était celui de Villemarie, il voulait absolument y conduire tous ses hommes; et qu'au reste ils avaient trop coûté à la Compagnie de Montréal pour qu'il pût en laisser un seul après lui.

S'il parla avec cette assurance, et si M. de Lauson n'insista pas davantage, c'est que M. de Maisonneuve était muni d'une lettre de cachet qui lui donnait toute autorité pour le Gouvernement de Villemarie.

Par l'arrêt de 1648, le Roi avait déclaré que le Gouverneur général n'exerçait cette charge que pendant trois ans, du moins qu'il ne pourrait y être promu de nouveau qu'une seule fois.

Mais comme M. de Maisonneuve était gouverneur particulier de l'Île de Montréal depuis près de douze ans, les Associés, ses confrères, avaient eu quelque sujet de craindre que M. de Lauson, pour lui susciter de nouveaux embarras, ne lui contestât son titre de Gouverneur; et, afin de prévenir ces difficultés, ils avaient obtenu du Roi une lettre de cachet, en date du 8 avril 1653, qui avait été adressée à M. de Maisonneuve lui-même, avant son départ de France.

Par cette lettre, Louis XIV approuvait de nouveau le choix que les seigneurs de Montréal avait fait de la personne de M. de Maisonneuve pour la charge de Gouverneur de cette île, et donnait à celui-ci toute autorité pour travailler à l'établissement de la colonie de Villemarie. M. de Lauson ne renouvela plus ses instances; mais, lorsque M. de Maisonneuve voulut faire monter sa recrue à Villemarie, on lui refusa des barques, que pourtant on était tenu de lui fournir; et par suite de ce refus, presque tous les soldats de la recrue furent obligés de séjourner un temps considérable à Québec, en attendant que M. de Maisonneuve pût se procurer d'autres moyens de transport.

M. de Maisonneuve, arrivé avec sa recrue à Québec le 22 septembre, y fut retenu tout le mois d'octobre par la difficulté de trouver des barques; s'en étant enfin procuré, il partit avec tout son monde, qu'il fit marcher devant lui, voulant aller le dernier pour être assuré de ne laisser personne.

Ce fut une joie inexprimable à Villemarie de le voir arriver avec cette recrue de plus de cent hommes; et, de toutes parts, ce n'étaient qu'actions de grâces qu'on rendait à Marie, la patronne du pays, aux prières de laquelle on avait attribué jusque-là, avec tant de raison, la conservation si providentielle de cette colonie fondée pour sa gloire.

Tous ces soldats, que M. de Maisonneuve venait d'amener de France, ne s'étaient engagés, la plupart, à servir la Compagnie de Montréal et à demeurer dans le pays, que l'espace de cinq ans.

Néanmoins, touchés de bons procédés de leur gouverneur, et heureux de se trouver dans une réunion de personnes si cordialement unies entre elles, si zélées pour l'établissement de la religion, plusieurs désirèrent de se fixer à Villemarie et d'y demeurer jusqu'à la fin de leurs jours; et M. de Maisonneuve, qui les y avait conduits dans cette espérance, connaissant leur désir, fit publier par deux fois, au prône, en décembre 1653, que tous ceux qui voudraient se fixer pour toujours dans l'île allassent le trouver.

Son intention était de leur abandonner, pour cette fin, les sommes qui leur avaient été avancées, tant en France que depuis leur arrivée en Canada, et de donner à chacun des terres en propre, afin qu'ils les cultivassent, ainsi qu'un arpent dans le lieu désigné pour la ville, où ils se construisirent des maisons.

Il se proposait enfin de les gratifier d'une somme d'argent qui facilitât à chacun les moyens de s'établir à Villemarie, à la charge pour eux de rendre cette dernière somme, s'ils quittaient un jour l'île de Montréal; à moins que, par force majeure ou autrement, les Français ne vinssent à l'abandonner tout à fait.

Le premier qui se présenta et accepta ces conditions fut André Demers. Le premier jour de l'an 1654, il reçut quatre cents livres, en promettant de rendre cette somme, s'il allait faire sa demeure ordinaire hors de l'île de Montréal; et, deux jours après, Jean des Carryes et Jean le Duc reçurent la somme de neuf cents livres, et firent la même promesse.

Le 22, Antoine Primot, Jacques Messier et Charles le Moyne firent aussi leur déclaration, et le Moyne, déjà pourvu de la place de garde-magasin, reçut quatre cents livres. Le lendemain, Jean Lemercher, Mathurin Langevin, Ives Bastard, Simon Galbrun, Pierre Vilain, Toussaint Huneault, Jacques Mousseaux, Bertrand de Rennes et Simon Desprès firent la même déclaration, après avoir reçu chacun une gratification de cinq cents livres.

Sans poursuivre ici ce détails, nous dirons qu'un grand nombre d'autres chefs de famille prirent le même engagement, et reçurent une gratification de cinq ou six cents livres chacun.

Voici comment M. de Maisonneuve pourvut à l'établissement des premiers colons.

Par suite de leur engagement, il donna à chacun d'eux trente arpents de terre, qu'ils devaient cultiver, situés le plus souvent au coteau Saint-Louis ou à la contrée Saint- Joseph. Et, en outre, un arpent ou un demi-arpent dans le lieu désigné pour la ville, sur lequel, comme nous l'avons dit, chacun devait se construire une maison pour l'habiter."

Sources: Dictionnaire National des Canadiens Français de l'Institut Drouin          

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